Walery 1
17 mai 2014Suite de notre feuilleton Walery.
Rappel : Une carte postale signée Walery – Paris représente Ménélik II : « J’ai confiance en ma foi, ma force et mon chemin de fer ».
L’histoire de Walery est assez rocambolesque. Derrière ce pseudonyme, il y eut deux photographes et même, semble-t-il, trois ! Je ne suis pas sûr d’avoir démêlé entièrement l’écheveau et j’attends de rencontrer bientôt le petit-fils du troisième, mais voici ce que j’ai pu rassembler et cru comprendre.
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Dans Paris-Photographe, revue savante fondée et dirigée par Paul Nadar1, Walery, de son nom Comte Ostrorog2, jouit manifestement de l’estime des rédacteurs. Né « dans la Pologne russe » 3, il est présenté comme une personnalité douée, énergique, infatigable entrepreneur, toujours en mouvement, et pour finir fort appréciée pour sa cordialité et sa bonté. Il a plusieurs talents. « Mais c’est surtout la photographie qui fascinativement l’attire ».
Donc, le Comte Stanislaw Julian Ostrorog (1830-1890), né à Mogilev en Lituanie, ouvre un studio de photographie à Marseille, 14 boulevard du Musée, « vers 1864 ».
Puis à Paris, rue de Londres, en 1871.
Studio qu’il revend en 1878 pour s’établir (après un détour par Nice) à Londres au 5 Conduit Street, en mai 1883.
Et plus tard, en 1887, sur Regent Street, au numéro 164. (À noter qu’il s’était déjà installé une première fois à Londres en 1857 et avait obtenu la citoyenneté britannique en 1862.)
Walery devint célèbre notamment après avoir fait en 1886 le portrait de la Reine Victoria à Windsor. The Walery Studio of Regent Street was associated with celebrity and royal portraits. In 1886, Count Stanislaw Ostrorog the elder had photographed Queen Victoria at Windsor and portrait sittings by other members of the Royal Family and the British nobility followed. The studio of Walery had became particularly well-known after the firm of Sampson Low & Co published a series of « Celebrity Portraits » taken at Walery’s Regent Street Studio in the late 1880s. Famous sitters at Walery’s London studio included the composer and conductor Arthur Sullivan (1842-1900), the artist and painter Sir Frederick Leighton (1830-1896), the French chemist and bacteriologist Louis Pasteur (1822-1895) and the actress Sarah Bernhardt (1844-1923). (source)
En 2005, la National Gallery, qui conserve 281 portraits signés Walery, lui consacra une exposition intitulée Victorian Women.
Ostrorog mourut en 1890, foudroyé par une rupture d’anévrisme.
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Yves Lebrec, conservateur du fonds patrimonial de photographies anciennes de la bibliothèque de Fels de l’Institut catholique de Paris, aujourd’hui à la retraite, homme généralement très bien informé (il m’avait renseigné au sujet du photographe Louis Moulin), écrit : Stanislaw Julian Ostrorog, né en Pologne, acquiert la nationalité britannique par naturalisation du 22 août 1862. Marié à Londres le 4 octobre 1862 à Théodosie Gnozdecka, puis divorcé le 2 décembre 1873, il épouse en secondes noces à Londres, le 21 décembre 1889, Maria Lacroix. Artiste photographe, le comte Ostrorog pratique la daguerréotypie à Warna durant la guerre de Crimée. Il s’établit à Paris vers 1857, puis quitte la capitale pour Marseille, toujours comme photographe (1864-1870). Il exerce à nouveau à Paris à partir de 1871, et prend le pseudonyme de Walery ; il crée la Maison Walery 9 bis, rue de Londres et demeure 9, rue de Londres. Il cède son établissement à Charles Peeters (1879) qui loue les locaux aux photographes Aimé Dupont et Henry Rouen. Tony-Merlet et Félix Chary reprennent la Photographie Walery en 1881. Ostrorog quitte Paris pour Nice en 1879 et fonde une société de photographie dans cette même ville. En 1889, il s’établit à Londres et reprend son activité de photographe jusqu’à sa mort. – Médaille de bon goût unique pour la France. – Intitulé commercial : Photographie WALERY. – Membre SFP 1867-1885 – Voyage Russie, France et Angleterre. – Se fait appeler Ostroga à Menton et Trouville. – Illustrations dans « Le Monde illustré ».
Dos photos : Walery / Photographe/14, Boulevard du Musée/Marseille. ⚛ Walery / 9bis, rue de Londres, 9 bis/Paris/Hôtel privé/Téléphone N° 150.72 / Médailles d’or/Paris 1878 / Amsterdam 1883 / Paris 1889 / Médaille de bon goût/Vienne 1873 / Récompense unique/Diplôme d’honneur hors concours/Exposition de Nice 1884 / Médaille de mérite/Philadelphie 1876 / Photographies à la lumière électrique/Tous les clichés sont conservés. ⚛ Photographie Walery / 14, boulevard du Musée/Marseille/N° 27593 / Tous les clichés sont conservés. ⚛ 9bis, rue de Londres Paris/Photographie/Walery / Mont Plaisant/Dinard/Copyright by Walery Paris / (Reproduction interdite).
Expositions : 1869 et 1874 : S.F.P. -1867 : Paris.-Vienne : 1873 (Médaille de bon goût). -Philadelphie : 1876 (médaille mérite). -Exposition universelle Paris : 1878 (Médaille d’or)-1889 (médaille or). – Nice : 1884. – Amsterdam : 1883 (médaille or).
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À la mort de Walery en 1890, son fils Stanislaw Julian Ignacy, Count Ostrorog (1863-1935) reprend l’atelier de son père, et adopte le même pseudonyme.
Mais de cela nous parlerons dans un prochain billet.
Notes
- La revue « Paris-Photographe » fut publiée de 1891 à 1894, sous la direction de Paul Nadar, assisté d’Adrien Lefort comme secrétaire de rédaction. Office général de Photographie, 18,5 x27cm, 12 fascicules brochés par année.↩
- D’après le prénom de sa première épouse, Waleria Teodozja Gwozdecka.↩
- À l’est de l’actuelle Biélorussie, proche de la frontière russe. Intégrée à l’époque dont nous parlons à l’empire russe, après avoir appartenu à la Pologne-Lituanie au XVIIIe siècle (République des Deux Nations).↩
À suivre.